PHILIPPE GOURDON

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Après un parcours professionnel comme designer de produits d’éclairage architecturaux, puis comme concepteur lumière pour l’automobile (Bmw, Citroën, Hyundaï, Peugeot, Renault, Toyota) Philippe Gourdon continue inlassablement son exploration de la lumière à travers ses réalisations ou ses photos. Ses oeuvres nous transportent dans son univers aux multiples facettes comme dans un voyage au pays du mouvement, des reflets et de l’émerveillement.

Il vit et travaille à Paris

10 years of lighting product design

Past

LIGHT

Present

ART LIGHT MOTION

10 years of lighting on conceptcar

CE DESIGNER PASSIONNÉ

DONNE UNE ÂME AUX AUTOS

EN LEUR CRÉANT UNE IDENTITÉ

LUMINEUSE


Par BERNARD JOO

Photo CHRISTOPHE MAOUT

PHILIPPE GOURDON

     VOITURE DE LUX

PROFIL

i à chaque idée appa

raît une nouvelle étincelle, alors Philippe Gourdon doit être à l'origine de la Voie lactée. Ce designer de la lumière, comme il se définit, invente et crée à toute vitesse.   En parler avec lui, c'est jouer avec

un variateur  les idées fusent, le débit de parole augmente fortement. Considéré comme l'inventeur d'une profession nouvelle dans l'univers automobile, ce passionné est à la fois designer, ingénieur, décorateur, psychologue, et mixe ce mélange composite pour illuminer et modifier le monde.

CRAYON. Sa carrière de designer de lumière a débuté il y a quinze ans avec Citroën. Le plus difficile a été de convaincre les constructeurs, se souvient-il.

«Le milieu automobile est ambigu, traditionnellement très fermé, mais il s'est ouvert peu à peu. La preuve, ils ont mis dix ans à se rendre au salon de Milan. Moi, J'y vais depuis vingt ans. Maintenant, ils s'y déplacent pour communiquer et voir ce que font les autres.» A chaque lance.

ment de modèle, l'enjeu commercial est tel que le coup de crayon doit séduire au premier regard. De quoi paralyser plus d'un créatif. «Je suis passionné de photo et j'ai vu la naissance du numérique. Au début, il y avait des concepts de boitiers révolutionnaires. C'est terminé, ils ressemblent tous au vieux reflex, regrette-t-il. Les gens aiment les nouvelles technologies, mais ils veulent être Assurés. Pour les voitures, c'est peut-être l'explication du succès des Allemands, qui innovent en restant dans le même design.»

Ses airs de Professeur Nimbus sont trompeurs. Car derrière se cache un redoutable créateur. Philippe Gourdon est un alien dans le paysage automobile, une éponge qui absorbe les tendances. les météorites innovantes, et les resti-tue. Pas évident d'inventer une âme à une boite en tôle. On est proche d'une

expérience spirituelle. «Aujourd'hui, les

designers sont très jeunes et manquent parfois de culture. D'où une perte d'assu-rance. La preuve: ils en rajoutent. La complexité formelle des nouveautés vient de là. C'est facile de faire quelque chose, mais plus difficile de faire simple. Les Japonais sont bons pour ça. Il faut aussi saluer Volvo, leurs formes classiques sont très élégantes.» Le travail de la lumière apporte une dimension spatiale supplé mentaire. Il passe par le choix des for-mes, des matériaux, des couleurs, de l'ergonomie. «Ce n'est plus accessoire, c'est une obligation. Tout le monde y est sensible. Comme à la qualité du son.» Pour marier l'éclairage à l'utile et au bien-être, Philippe Gourdon s'est saisi de la lumière, l'a examinée, travaillée, ressentie, domestiquée. L'a rendue douce ou puissante. «Un éclairage élégant crée un sentiment de bien-être. Une lumière chaude et tamisée amène une sensation d'harmonie dans un véhicule. On s'y sent presque chez soi.»

Son rôle de designer industriel serait-il donc de répondre aux besoins tout en se distinguant de la concurrence par ses qualités d'innovation? Pas si simple. Il faut intégrer les tendances, les comportements des consommateurs et les innovations pour concevoir l’équipement futur


 La lumière est surtout devenue la signature visuelle, une image de mar-que. Dans l'obscurité, l'apparence caractéristique des phares doit être recon-naissable.«L'important est de se • démarquer. Le plaisir de la voiture ne veut plus dire grand-chose, reconnaît Gour-don. Il y a une telle pression que, finale-ment,

il ne restera que le son et la lumière.

Les nouveaux moteurs, on doit faire avec...Il faut tout miser sur le bien-être et l'ergo-nomie.» Et d'illustrer son propos:«ll a fallu vingt ans pour mettre des accoudoirs

Une lumière chaude et tamiséé

amène une sensation

d’harmonie dans un véhicule.

On s’y sent presque chez soi.

Philippe Gourdon

entre les sièges et de la moquette épaisse dans les voitures !»

Aujourd'hui, l'éclairage LED est devenu la norme pour l'automobile. Voir et être vu. Avec, avant tout, un caractère esthétique identifiable par les autres usagers.

«On acommencé à travailler les formes. Au début, on m'appelait pour mettre en valeur un intérieur déjà ter-miné. Maintenant, on travaille ensemble en amont la lumière et la matière.»

Le rendez-vous préféré de

Philippe Gourdon reste le Light+Buil-ding de Frankfort, le plus grand salon de la lumière.

La mode de la personnalisation grandissante des véhicules fait que l'éclairage est un business d'avenir. Juste-ment, le futur, il le voit comme un mix entre lumière et matière, pour retrouver la magie visuelle perdue.

«Avec un constructeur, je prépare différents types de lumières pour chaque matériau. On est sur des notions immatérielles, comme la cha-leur, le toucher... Grâce au LED, on a une alliance idéale entre élégance et stimulation

CV Né à Paris en 1955, Philippe Gourdon a été formé au design et à

l’architecture d'intérieure à l'école Esag de Paris. Pendant dix ans, il exerce comme designer de produits d'éclairage.

A partir des années 2000, il collabore avec divers constructeurs autos. Il compte plus de quinze concepts cars à son actif.

Son travail est exposé au centre

Pompidou, à Paris.

on invente des scénarios de lumière.»

Disséminés dans l'habitacle, ils apportent une touche de fraîcheur. Un éclairage LED froid agit ainsi sur votre humeur et permet de se sentir en forme.

Avec du LED chaud, l'ambiance est au confort et au luxe.


«LUMINOTHÉRAPIE». Pour Gourdon, la

lumière peut avoir des applications mé dicales. «La voiture est devenue frus-trante, la baisse de la vitesse et des motorisations en sont la cause. Imaginons que ° le temps qu'on passe sans notre véhicule régénère nos cellules. La luminothérapie, en thermes de marketing, c'est quelque chose de puissant.»

Dernière innovation: l'éclairage Oled, qui sert à faire des écrans de télévision.

Parfait pour afficher des informations où l'on veut. Pour faire simple, les LED sont des points lumineux tandis que les Oled sont des lumières superficielles.

Prochaines étapes attendues par Philippe Gourdon : les pictoprojecteurs.

«Au lieu de projeter de la lumière, on projette des images à l'aide de microprismes et de LED.»

Et la diode laser, dix fois plus petite que la LED.

Lighting installation for,

Bmw, Citroën, Hyundaï, Peugeot, Renault, Toyota, Valeo (2005/2015)

Lighting products Designed by Philippe Gourdon (1995/2005)

Comme le dit Philippe Gourdon, designer de produits, "la lumière est une passion, une inspiration, un passage obligé dans le monde de la création". La lumière l'a conduit et guidé en 10 ans de création lumineuse pour plusieurs entreprises européennes.


Il a été le premier à développer la première lampe murale encastrée, avec une simple feuille de verre bombée posée sur l'ampoule. La toute première structure lumineuse à suivre les courbes architecturales. Il a également créé la première collection de lampes encastrées interchangeables, la première lampe de bureau à double lumière et le premier lampadaire de jardin mobile.


Parmi ses récompenses, Gourdon a été nominé pour le Compasso d'Oro à Milan et a participé à l'exposition sur les matériaux "mutants" au MOMA de New York. Son œuvre est exposée en permanence au Centre Pompidou à Paris. Il a reçu le premier prix du concours "Freeway Light Fixtures" à Eurodisney ainsi que des lampes d'argent et d'or au Salon international de la lumière à Paris.


POURQUOI LA LUMIÈRE ?

Aussi loin que je remonte dans ma mémoire, deux souvenirs de lumière me reviennent à l’esprit.

Le premier, allongé sur le siège arrière de la voiture de mes parents pendant que nous traversions les tunnels éclairés du boulevard extérieur, (bien avant que le périphérique existe) j’assistais à un kaléidoscope de lumière ou l’ombre jouait en pointillé les interruptions de ce fascinant spectacle mobile.

Le deuxième souvenir était la nuit, dans l’obscurité de ma chambre d’enfant, et que je suivais le faible pinceau de lumière de ma locomotive miniature. Tout le jeu consistait alors à imaginer des circuits qui réalisaient des animations aléatoires sur les murs devenus écrans improvisés

L’un comme l’autre, peut être les prémices de ma fascination pour la lumière animée concrétisée ensuite par la découverte des premières œuvres cinétiques de Nicolas Schöffer ou de Julio le Parc.


Mail: gourdon@mac.com / Cel: + 33 (0) 6 80 62 21 02

12, rue N D de Nazareth, 75003 Paris, France

Instagram: @philippegourdon