i à chaque idée appa
raît une nouvelle étincelle, alors Philippe Gourdon doit être à l'origine de la Voie lactée. Ce designer de la lumière, comme il se définit, invente et crée à toute vitesse. En parler avec lui, c'est jouer avec
un variateur les idées fusent, le débit de parole augmente fortement. Considéré comme l'inventeur d'une profession nouvelle dans l'univers automobile, ce passionné est à la fois designer, ingénieur, décorateur, psychologue, et mixe ce mélange composite pour illuminer et modifier le monde.
CRAYON. Sa carrière de designer de lumière a débuté il y a quinze ans avec Citroën. Le plus difficile a été de convaincre les constructeurs, se souvient-il.
«Le milieu automobile est ambigu, traditionnellement très fermé, mais il s'est ouvert peu à peu. La preuve, ils ont mis dix ans à se rendre au salon de Milan. Moi, J'y vais depuis vingt ans. Maintenant, ils s'y déplacent pour communiquer et voir ce que font les autres.» A chaque lance.
ment de modèle, l'enjeu commercial est tel que le coup de crayon doit séduire au premier regard. De quoi paralyser plus d'un créatif. «Je suis passionné de photo et j'ai vu la naissance du numérique. Au début, il y avait des concepts de boitiers révolutionnaires. C'est terminé, ils ressemblent tous au vieux reflex, regrette-t-il. Les gens aiment les nouvelles technologies, mais ils veulent être Assurés. Pour les voitures, c'est peut-être l'explication du succès des Allemands, qui innovent en restant dans le même design.»
Ses airs de Professeur Nimbus sont trompeurs. Car derrière se cache un redoutable créateur. Philippe Gourdon est un alien dans le paysage automobile, une éponge qui absorbe les tendances. les météorites innovantes, et les resti-tue. Pas évident d'inventer une âme à une boite en tôle. On est proche d'une
expérience spirituelle. «Aujourd'hui, les
designers sont très jeunes et manquent parfois de culture. D'où une perte d'assu-rance. La preuve: ils en rajoutent. La complexité formelle des nouveautés vient de là. C'est facile de faire quelque chose, mais plus difficile de faire simple. Les Japonais sont bons pour ça. Il faut aussi saluer Volvo, leurs formes classiques sont très élégantes.» Le travail de la lumière apporte une dimension spatiale supplé mentaire. Il passe par le choix des for-mes, des matériaux, des couleurs, de l'ergonomie. «Ce n'est plus accessoire, c'est une obligation. Tout le monde y est sensible. Comme à la qualité du son.» Pour marier l'éclairage à l'utile et au bien-être, Philippe Gourdon s'est saisi de la lumière, l'a examinée, travaillée, ressentie, domestiquée. L'a rendue douce ou puissante. «Un éclairage élégant crée un sentiment de bien-être. Une lumière chaude et tamisée amène une sensation d'harmonie dans un véhicule. On s'y sent presque chez soi.»
Son rôle de designer industriel serait-il donc de répondre aux besoins tout en se distinguant de la concurrence par ses qualités d'innovation? Pas si simple. Il faut intégrer les tendances, les comportements des consommateurs et les innovations pour concevoir l’équipement futur
La lumière est surtout devenue la signature visuelle, une image de mar-que. Dans l'obscurité, l'apparence caractéristique des phares doit être recon-naissable.«L'important est de se • démarquer. Le plaisir de la voiture ne veut plus dire grand-chose, reconnaît Gour-don. Il y a une telle pression que, finale-ment,
il ne restera que le son et la lumière.
Les nouveaux moteurs, on doit faire avec...Il faut tout miser sur le bien-être et l'ergo-nomie.» Et d'illustrer son propos:«ll a fallu vingt ans pour mettre des accoudoirs